« N'ayez pas souci d’en connaître l’auteur : c’est un homoncule, que pas un de vous ne saurait voir sans le prendre en grippe, en pensant qu’il vient de faire une comédie. On dit qu’il a de l’esprit et même qu’il a du génie. Pour ma part, je n’en crois rien. Quoi qu’il en soit, lorsqu’il sut que je venais vous exposer l’argument, il m’imposa de vous faire, à tous, l’ambassade que voici : si vous louez sa comédie, vous serez cause qu’il en fasse d’autres ; aussi, vous prie-t-il de la blâmer, afin qu’il soit déchargé d’une telle fatigue. Voyez la cervelle ! Les autres, qui se fatiguent à composer des comédies, prient instamment qu’on les loue, et s’ils n’ont d’autre remède, ils se louent eux-mêmes : celui-ci demande à être blâmé ! Et il dit qu’il le fait pour ne pas faire comme les poètes ; ce en quoi il a mille fois raison, parce qu’il ressemble à tout sauf à un poète. Vous avez maintenant entendu de lui tout ce qu’on peut en dire. Il vous reste à regarder sa comédie jusqu’au bout et à le contenter à la fin, puisque cela ne vous coûtera que des mots. »

(Prologue.)