En ces deux pays
Du printemps et de l'amour,
Pour moi l’aurore
Preuve n’est-il dans mes cheveux
Le baume aux fleurs de prunier ?
Il ne rentre pas
Jour de printemps qui finit
Et moi dans la nuit,
Sur le koto mes cheveux
Emmêlés bouleversés
Sentiments troublés
Et sentiments égarés
Se pressent en moi
A ce dieu foulant les lis
Je brûle d’offrir mes seins
Hasard de mes pas
Avec la vague intuition
Que tu m’attendais
Je vins dans ce champ en fleurs
C’était un soir de lune
Sans un seul mot
D’un simple signe de tête
Nous fîmes nos adieux
Ce jour-là était le six
Et nous étions un et deux
Des cinq vêtements
Qu’elle portait l’un sur l’autre,
Le souvenir d’un col
Où fleurissaient sur fond rose
Des chrysanthèmes en fil d’or
Comme un doux présage
L’indistinction du brouillard
Tombant dans le soir
Puis l’extinction des lumières
Il est beau mon dieu de nuit !
Que puis-je porter
A ma bouche en feu maintenant ?
Le sang de son doigt
Qu’il m’avait dit d’appliquer
A complètement séché
Ignorant la Voie
Insouciants de l’avenir
Méprisant la gloire
Seuls ici s’aimant d’amour
Toi et moi nos deux regards
Enfant de beauté
Enfant de printemps et de sang
Enfant de flammes
N’ai-je également les ailes
Du présent en liberté ?
Pour punir les hommes
De leurs trop nombreux péchés
M’ont été donnés
Cette blancheur de la peau
Et ces si longs cheveux noirs
Mon amant malade
J’enroule mon bras fragile
Autour de sa nuque
J’ai tant envie d’embrasser
Chaude sa bouche fiévreuse
Comme un don du ciel
Là le parfum la beauté
Des soirs de printemps
Me permettez-vous d’en faire
Un recueil de poésies ?