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Durant toute l'Antiquité, la rousseur fascine. Rare, elle signifie souvent l’altérité. Couleur du feu, elle est celle de nombreux héros, car synonyme de force. Mais elle est crainte aussi car révélatrice du caractère sanguin des roux.

REFLETS ROUGEOYANTS

Les lions assurément sont fiers de leur poil épais, mais au combat ils sont défendus par leur crinière ; de leur côté les sangliers aussi ont l’air imposant avec leurs longues soies. Quand leurs poils se hérissent, les chasseurs ont peur : « Les brebis laineuses sont alourdies par leur toison (1) »  Parmi les différents peuples, les Celtes et les Scythes portent les cheveux longs, mais ne les soignent pas. L’abondante chevelure de ces barbares a quelque chose d’effrayant ; leur couleur rousse est une menace de guerre ; cette couleur a quelque chose de commun avec le sang.
Clément d'Alexandrie, Le Pédagogue, II, 24, 1-2

Il y a derrière le Lycée le tombeau de Nisos ; il mourut de la main de Minos, quand il était roi de Mégare, et les Athéniens le ramenèrent pour l’enterrer en ce lieu. À propos de Nisos, on raconte qu’il avait les cheveux rouges et qu’il devait mourir quand on les lui couperait. Quand les Crétois vinrent sur le continent, ils prirent au premier assaut toutes les villes de Mégaride ; mais seule fut assiégée Nisa, où Nisos s’était réfugié. Mais alors, dit-on, la fille de Nisos s’était éprise de Minos et elle coupa les cheveux de son père.
Pausanias, Description de la Grèce, I, 19, 4

(1). Hésiode, Les Travaux et les Jours, 234.