« LAZZARO : […] Donc, sans autre préambule, je dirai pour commencer que, encore que nous soyons différents des bêtes brutes sur bien des points, nous nous écartons d'elles principalement sur celui-ci, que par la parole et l’écrit nous nous communiquons l’un l’autre notre cœur, chose que ne peuvent faire les bêtes. Donc, s’il en est ainsi, celui-là se distinguera plus de la nature des brutes, qui parlera et écrira le mieux. Par conséquent, quiconque aspire à être un homme parfaitement doit mettre toute son étude et tâcher de parler et écrire parfaitement ; et celui qui a la vertu de pouvoir le faire, on peut dire avec raison qu’il est aux autres hommes ce que les hommes eux-mêmes sont par rapport aux bêtes. C’est cette vertu de parler et d’écrire que les Grecs et les Latins se sont appropriés dans une mesure presque égale. D’où il s’ensuit que leurs langues sont les seules parmi toutes celles du monde qui nous distinguent par excellence des barbares et des créatures privées de raison. »