« Oh, j'ai de belles choses à vous raconter ! Ma femme était au lit, dans le noir… Je suis arrivé en haut avec ce garnement, et, pour être sûr de ne pas acheter chat en poche, je l’ai emmené dans un réduit que j’ai au-dessus de la salle, où brûlait un lumignon vacillant qui jetait une faible lueur, de sorte qu’il ne pouvait pas voir ma figure… Je l’ai fait déshabiller ; il rechignait ; alors, j’ai commencé à lui aboyer après comme un chien, après quoi le temps lui durait d’avoir ôté ses habits, et finalement il s’est retrouvé tout nu. De figure, il est laid. Il avait un nez horrible, une bouche tordue… mais tu n’as jamais vu des chairs plus belles : c’est blanc, doux, moelleux… Quant au reste, ne m’en parle pas… Puisque j’avais mis la main à la pâte, j’ai voulu tâter jusqu’au fond du pétrin ; après ça, j’ai voulu voir s’il était sain : s’il avait eu des pustules de mal français, tu imagines dans quels draps je me serais trouvé ? Ce que tu dis, c’est facile à dire !… Après avoir vu qu’il était sain, je l’ai traîné derrière mon dos et, dans le noir, emmené dans la chambre et mis au lit ; et, avant de m’en aller, j’ai voulu tâter de la main comment se présentait la chose, car je n’ai pas l’habitude de prendre des vessies pour des lanternes. »

(Acte V, scène II.)